Cotisation retraite pour freelance : comment ça marche ?

C’est une rengaine que l’on entend régulièrement : indépendance rimerait avec absence de couverture sociale. Pourtant, la réalité est tout autre.
Aujourd’hui, la protection sociale des indépendants est alignée sur celle des salariés dans presque tous les domaines. Pour la retraite, cela fait même une cinquantaine d’années que les principes sont les mêmes !
Dans cet article, nous vous proposons d’oublier les clichés et de nous concentrer sur les faits pour découvrir les rouages de la retraite des freelances.
En résumé :
- Les freelances cotisent à la retraite obligatoire au même titre que les salariés, via un régime de base (trimestres) et un régime complémentaire (points), selon leur statut (TNS ou assimilé salarié).
- Le montant des cotisations et des droits dépend du statut juridique : les assimilés salariés (ex. présidents de SASU rémunérés) cotisent davantage et bénéficient d’une meilleure couverture que les TNS (micro-entrepreneurs, EI, gérants d’EURL).
- Les trimestres sont validés en fonction des revenus déclarés : un seuil minimum doit être atteint chaque année pour valider jusqu’à 4 trimestres.
- Le régime obligatoire peut être complété par des produits d’épargne retraite (PER, assurance-vie), surtout utile pour les TNS à cotisation plus faible.
- Anticiper sa retraite en freelance passe par une bonne stratégie financière : choix du bon statut, épargne privée, investissements et accompagnement spécialisé sont fortement recommandés.
Comment fonctionne la retraite en France ?
La retraite des indépendants est basée sur le même modèle que celle des salariés. Pour comprendre comment elle fonctionne, commençons donc par rappeler les principes généraux du système des retraites en France.
Les grands principes
Le système français permet qu’aucune personne à la retraite ne soit laissée sans ressources. Il est :
- obligatoire : tout travail rémunéré entraîne le paiement de cotisations retraite ;
- par répartition : les cotisations versées sur une année servent à payer les pensions des retraités pour la même année ;
- principalement contributif : les droits sont calculés en fonction de la durée de cotisation et des revenus ;
solidaire : la redistribution permet par exemple aux chômeurs ou aux personnes en congé parental ou en arrêt maladie d’acquérir des droits.
L’organisation
Le système de retraite est géré par 42 organismes différents. C’est généralement le statut professionnel qui détermine la ou les caisses auxquelles le travailleur est rattaché.
💡 Bon à savoir : sur le site info-retraite.fr, vous pouvez voir à quel(s) régime(s) de retraite vous cotisez, et avoir un aperçu en temps réel de vos droits.
Les actifs cotisent à deux régimes obligatoires (parfois regroupés en un seul) :
- Le régime de base, qui fonctionne par trimestres et permet de toucher une pension de base. A taux plein, la retraite de base correspond à 50 % du salaire annuel moyen sur les 25 meilleures années de carrière, dans la limite du plafond annuel de la Sécurité sociale.
- Le régime complémentaire, qui fonctionne par points. Des points sont cumulés au prorata des cotisations versées. Un taux est affecté au point. La pension complémentaire est obtenue en multipliant le nombre de points par ce taux.
Pour avoir des ressources plus importantes une fois à la retraite, les actifs (ou les entreprises) peuvent souscrire volontairement à des produits d’épargne retraite. Facultative, l’épargne retraite permet d’obtenir un capital qui viendra compléter la pension retraite.
L’âge légal de départ à la retraite
Depuis la réforme des retraites de 2023, l’âge légal de départ à la retraite est fixé à 64 ans pour les personnes nées à partir de 1968 ; de plus, il est nécessaire d’avoir validé 172 trimestres (pour les personnes nées après 1973) pour bénéficier d’une retraite à taux plein. A partir de 67 ans, la retraite à taux plein est garantie.
Pour bénéficier d’une retraite à taux plein, il faut donc :
- partir à 67 ans,
- ou partir à 64 ans en ayant travaillé 172 trimestres,
- ou partir avant 64 ans en bénéficiant d’un départ anticipé à taux plein pour cause de carrière longue, handicap, maladie professionnelle ou accident du travail.
Si ces conditions ne sont pas remplies au moment du départ, une décote s’applique sur la retraite.
Le calcul de la retraite
La pension de retraite est calculée en fonction de trois facteurs :
- Les régimes de retraite auxquels le travailleur est affilié au cours de sa carrière.
- La durée d’assurance, c’est-à-dire la durée de vie professionnelle au cours de laquelle il a cotisé.
- Le montant des rémunérations perçues, sachant que les modalités de sa prise en compte varie selon les régimes de retraite.
Lorsque les conditions d’un départ à taux plein sont réunies, la pension de retraite est calculée de la manière suivante :
- Retraite de base = 50 % du revenu annuel moyen des 25 meilleures années dans la limite du Pass
- Retraite complémentaire = Nombre de points x Valeur du point
- Pension de retraite = Retraite de base + Retraite complémentaire
À cette pension de retraite peut s’ajouter le capital obtenu en souscrivant à des plans d’épargne retraite.
Comment fonctionne la retraite des freelances ?
Les freelances ont droit à la retraite dès lors qu’ils touchent une rémunération. Ils cotisent et leur activité est décomptée. Toutes les grandes règles de la retraite en France s’appliquent aux indépendants, mais il existe cependant de légères variations selon le statut du travailleur indépendant, comme nous allons le voir.
Les différences entre les statuts (micro-entreprise, SASU, EURL, etc.)
L’étendue de la protection sociale dont bénéficient les indépendants dépend du statut juridique de leur entreprise : micro-entreprise / EI, EURL ou SASU. Choisir le bon statut pour se lancer montant est essentiel, car cela a un impact à la fois sur le montant des cotisations et sur la couverture dont on peut bénéficier. On constate notamment quelques différences en matière d’assurance retraite.
Rappelons qu’un freelance peut relever de deux régimes sociaux différents selon la forme juridique de son entreprise. Il peut être :
- travailleur non salarié (TNS) s’il a une micro entreprise, une EI, ou qu’il est gérant associé unique d’une EURL ;
- assimilé salarié s’il dirige une SASU et qu’il perçoit une rémunération à ce titre (ou, cas plus rare, s’il est gérant non associé d’une EURL).
De manière générale, à partir d’un certain niveau de revenu, le taux de contribution des assimilés salariés est plus élevé que celui des TNS. Les présidents de SASU peuvent donc bénéficier d’une retraite plus avantageuse (la même que celle des cadres) que les micro-entrepreneurs, entrepreneurs individuels et gérants d’EURL.
Plus précisément, la différence entre le montant des contributions d’un TNS ou d’un assimilé salarié est faible lorsque le revenu n’excède pas le montant du Pass (plafond annuel de la Sécurité sociale, fixé à 47 100 € en 2025). Elle est en revanche plus importante lorsque le revenu dépasse ce montant : un assimilé salarié paie alors des cotisations plus élevées, et bénéficie en retour d’une meilleure retraite.
Notons que le taux de cotisations sociales prélevé sur le chiffre d’affaires brut des micro-entrepreneurs est en train d’être revu à la hausse. Il est passé de 23,1 % à à 24,6 % début 2025, et atteindra 26,1 % à partir du 1er juillet 2026.
Les organismes de cotisation selon votre statut
Les freelances qui ont le statut d’assimilé salarié relèvent du régime général et cotisent pour l'Assurance retraite (la retraite de la Sécurité sociale).
Les TNS, quant à eux, peuvent être affiliés à différentes caisses de retraite selon leur profession et leur domaine d’activité. Les artisans, commerçants ou industriels sont rattachés depuis le 1er janvier 2020 au régime général de la Sécurité sociale. Les professions libérales relèvent généralement de caisses spécifiques, réunies au sein de la Caisse nationale d'assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL).
Quelle que soit leur caisse de retraite, depuis le 1er janvier 2023, les cotisations retraite des TNS sont prélevées directement par l’Urssaf, en même temps que le reste de leurs contributions sociales.
Comment sont calculées les cotisations retraite ?
Les cotisations retraite sont calculées sur le montant de la rémunération, en appliquant des taux de cotisations pour la retraite de base et pour la retraite complémentaire qui varient selon le statut juridique. Pour les TNS, le revenu net sert de base de calcul. Pour les assimilés salariés, c’est le salaire brut.
En fonction du statut social, un barème spécifique comprenant différents plafonds peut être appliqué. Par exemple, un assimilé salarié paie une cotisation pour la retraite complémentaire plus importante sur la part de son revenu qui excède le Pass (plafond annuel de la Sécurité sociale).
Enfin, il faut savoir qu’en cas de rémunération nulle ou faible, le TNS s’acquitte d’une cotisation minimale qui lui permet de valider 3 trimestres de retraite de base par année civile.
Comment valider des trimestres retraite en micro-entreprise ?
Pour calculer la retraite de base d’un micro-entrepreneur, il faut savoir combien de trimestres il a validé. Leur nombre se détermine en divisant le revenu cotisé par 150 heures de Smic horaire. Soulignons qu’il n’est pas possible de cumuler plus de 4 trimestres par an.
La formule de calcul la suivante : Nombre trimestres = Revenu cotisé / 150 Smic horaire brut.
Le résultat est arrondi vers le bas : par exemple, si on obtient un résultat de 2,95, cela signifie que le micro-entrepreneur a validé 2 trimestres. Pour valider des trimestres en micro-entreprise, il faut donc générer un chiffre d’affaires minimum qui permet d’obtenir un résultat supérieur ou égal à 1 avec ce calcul. Le montant du chiffre d’affaires minimum dépend du montant du Smic horaire au moment du calcul.
Comment valider des trimestres retraite en SASU ?
Pour cotiser pour la retraite, le président de SASU doit percevoir un salaire et avoir des fiches de paie.
Pour valider un trimestre, il doit percevoir un salaire brut supérieur ou égal à 150 fois le Smic horaire brut. Pour 4 trimestres (le maximum sur une année), il doit donc toucher un salaire annuel qui équivaut au moins à 600 Smic horaires.
En 2025, le Smic horaire est fixé à 11,88 €. Il faut donc gagner au minimum 600 x 11,88 = 7128 € pour atteindre les 4 trimestres.
Régime obligatoire de retraite pour les freelances
Nous avons évoqué plus haut les grands principes de la retraite obligatoire en France. Voyons comment ils s’appliquent aux freelances.
Retraite de base : comment ça marche ?
Comme pour les salariés, les freelances ont droit à la retraite de base s’ils ont cotisé pendant assez de trimestres. Son montant correspond à 50 % du revenu annuel moyen des 25 meilleures années, dans la limite du Pass.
Retraite complémentaire : ce qu’il faut savoir
Les indépendants cotisent aussi pour la retraite complémentaire, ou retraite par points. Le nombre de points cumulés dépend du montant des cotisations versées. Le taux appliqué aux points pour calculer le montant de la pension varie selon le statut du freelance.
Taux de cotisation et impact sur les revenus
Comme nous l’avons vu, selon le statut juridique du freelance, le taux de ses cotisations retraite est plus ou moins élevé. Choisir un statut avec de faibles cotisations peut être une manière d’optimiser la rémunération. Cependant, d’autres paramètres doivent être pris en compte. Un montant de cotisation plus faible implique une couverture moindre, ce qui oblige à mettre de l’argent de côté pour anticiper l’avenir, ou à compléter sa future retraite en souscrivant à des assurances privées.
Compléter sa retraite en tant que freelance
Les limites du régime obligatoire
La retraite obligatoire assure une protection de base précieuse pour les freelances comme pour les salariés. Cependant, la pension obtenue grâce au régime obligatoire a des limites et ne permet pas toujours aux personnes retraitées de maintenir leurs revenus et leur pouvoir d’achat à un niveau satisfaisant. Il s’avère donc souvent utile de souscrire à des solutions privées pour compléter la rente de base. Ce constat est vrai aussi bien pour les salariés que les freelances, mais il est particulièrement crucial pour les TNS (entrepreneur individuel, gérant d’EURL), qui cotisent potentiellement à un niveau moins élevé.
Solutions d’épargne retraite (PER, assurance-vie, etc.)
Différentes solutions d’épargne peuvent permettre de se constituer un complément de retraite :
- Les plans d'épargne retraite (PER) individuels. Ils permettent aux freelances (et aux salariés) de cotiser au taux de leur choix pour toucher une rente lorsqu’ils cesseront leur activité. Le nouveau PER introduit en 2019 intègre les anciens contrats dit “loi Madelin” en offrant plus de souplesse.
- Les assurances vie. En souscrivant à ce type de contrats, les indépendants s’engagent à verser régulièrement des cotisations d’épargne, en échange de quoi l’assureur fait fructifier l’argent qui est reversé sous la forme d’un capital ou d’une rente à échéance du contrat (ou au décès de l’assuré).
Les contrats de capitalisation. Très proches des assurances vie, ils suivent des règles différentes en matière d’épargne.
Bonnes pratiques pour anticiper l’avenir
Au-delà des solutions d’épargne retraite, les freelances ont tout intérêt à placer ou faire fructifier leur argent. Ils se constitueront ainsi peu à peu un patrimoine qui leur assurera un avenir serein. Les bonnes pratiques pour anticiper l’avenir peuvent notamment inclure :
- les placements financiers (dépôt sur des produits d’épargne rémunérée, achats de titres, placements en assurance) ;
- les investissements immobiliers (résidence principale, investissement locatif).
Si vous êtes indépendant, investissez pour compléter votre retraite de la meilleure manière en vous faisant accompagner par des experts.
Comparatif : freelance vs salarié, qui cotise mieux ?
Voici un petit récapitulatif des points communs et différences entre le salariat, le portage salarial et les différents régimes freelance en matière de retraite :
Critère | Salarié | Salarié en portage salarial | Freelance assimilé salarié (président SASU) | Travailleur non salarié - TNS (micro-entrepreneur, entrepreneur individuel, gérant d’EURL) |
---|---|---|---|---|
Éligibilité au régime obligatoire de retraite | Oui | Oui | Oui | Oui |
Taux de cotisation pour la retraite de base | Élevé | Élevé | Élevé | Élevé |
Taux de cotisation pour la retraite complémentaire | Élevé | Élevé | Élevé | Moins élevé pour les hauts revenus |
Accès au PER individuel | Oui | Oui | Oui | Oui |
Accès au PER collectif d’entreprise | Oui | Oui | Non (sauf si le dirigeant a signé un contrat de travail salarié en plus de son mandat social) | Non |
Accès aux produits d’assurance vie et contrats de capitalisation | Oui | Oui | Oui | Oui |
Que faut il retenir de la retraite en tant que freelance ?
Avantages et inconvénients du système freelance
Vous l’aurez compris : la retraite des freelances est globalement très proche de celle des salariés. Ils cotisent eux aussi pour le régime obligatoire de retraite et ont donc droit à une somme une fois qu’ils atteignent l’âge et la durée de cotisation requis.
La nuance concerne le taux de cotisation, qui est moindre pour les travailleurs non salariés au-delà d’un certain niveau de revenu. Cela peut être vu à la fois comme un avantage et un inconvénient : leur rémunération est moins impactée par les cotisations, mais ils bénéficient d’une protection retraite un peu moins importante le moment venu. En réalité, cet écart de couverture sociale peut être facilement compensé en souscrivant à des produits privés.
Peut-on améliorer ses droits à la retraite en étant freelance ?
Oui ! Comme un salarié, un indépendant peut améliorer ses droits à la retraite. Il a la possibilité de racheter des trimestres et pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein plus tôt. Il peut également compléter son revenu de retraité en souscrivant à des produits comme le PER ou l’assurance vie, qui lui permettront de bénéficier d’une rente ou d’un capital lorsqu’il cessera son activité.
Souscrire à un accompagnement d’Hiway peut vous permettre à la fois d’optimiser votre protection sociale et vos revenus en freelance. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à nous contacter.
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